Histoire de la préfecture

Ligneris

 

A sa création, la préfecture d’Eure-et-Loir s’installe dans le bâtiment de l’évêché de Chartres, auprès de la cathédrale (aujourd’hui musée des beaux-arts). L’état donne l’immeuble au département en 1811.

  L’empereur Napoléon et l’impératrice Joséphine y séjournent les 2, 3 et 4 juin 1811.

  En 1821, le rétablissement du diocèse de Chartres supprimé en 1801, amène la restitution du palais épiscopal à l’évêque.

  Le préfet s’installe alors dans une maison privée qu’il loue. En 1823, la maison sera acquise à sa propriétaire, madame Dutemple de Mézières, ainsi que la résidence voisine, propriété du marquis des Ligneris dont le nom est resté attaché à la résidence du préfet.

 

L'ensemble forme la préfecture, bordée au sud par la rue de l'Ortie (rebaptisée plus tard Collin d'Harleville) et au nord par l'ancien mur d'enceinte de la ville avec son chemin de ronde comprenant une tourelle dite "de courtepinte"

  La situation de la ville de Chartres à proximité de la capitale, sur un axe de communication desservant le grand ouest, lui a probablement valu de nombreuses visites de personnalités illustres. Peu d’entre elles cependant, ont laissé des traces imprimées dans les archives de la préfecture.

  Le 5 juillet 1849, à l’occasion de l’inauguration de la toute nouvelle gare de chemin de fer de Chartres, le Prince-Président Louis-Napoléon vient en préfecture pour une brève visite.

  Suivent des heures sombres. Le 21 octobre 1870 les troupes allemandes entrent dans la ville. Le préfet en titre, Emile Labiche (proche parent du célèbre auteur de pièces de théâtre), démissionne. Il fera par la suite une carrière politique.

  De 1914 à 1918, Chartres connait le destin d’une ville de l’arrière dans un département qui paye un lourd tribut à la guerre (plus de 10 000 morts ou disparus). Le 11 novembre 1918, à l’annonce de l’Armistice, une foule enthousiaste se répand en ville. Le préfet Borromée reçoit le maire, monsieur Hubert, venu, avec le conseil municipal, lui lire un texte en témoignage de l’admiration et de la reconnaissance de la population envers les armées, leurs chefs et le gouvernement.

  En février 1939, la préfecture accueille un jeune préfet de 40 ans, Jean Moulin, qui va s’illustrer dans l’organisation de la résistance face à l’occupation. Resté à son poste pendant les jours tragiques de juin 1940, il porte assistance et secours aux habitants encore en ville ainsi qu’aux nombreux réfugiés arrivés à Chartres ; il s’assure également du ravitaillement avec les maigres provisions disponibles.

  Les 14, 15 et 16 juin des bombes incendiaires s’abattent sur une ville désorganisée et soumise au pillage (la voiture du préfet est volée sous ses fenêtres).

  Le 17 juin 1940 Jean Moulin refuse, malgré les coups et la torture, de signer un document que lui soumettent les autorités allemandes, accusant les tirailleurs sénégalais de l’armée française d’actes de barbarie sur des civils. Il sera établi par la suite qu’il s’agissait d’un faux.

  Les autorités allemandes, excédées par la forte résistance des unités de tirailleurs sénégalais entre Dreux, Chartres et Bonneval, les 16 et 17 juin 1940, ont tenté de leur faire endosser la responsabilité d’actes de barbarie qu’ils n’avaient pas commis. 

  Dans Chartres occupée, Jean Moulin reprend en main l’administration départementale, n’hésitant pas à sanctionner sévèrement des fonctionnaires qui ont abandonné leur poste. Il continue à assurer avec dignité ses fonctions, intervenant sans cesse auprès de la kommandantur pour que les troupes allemandes respectent les populations civiles.

  Par décret du 2 novembre 1940, il est relevé de ses fonctions par l'administration de Vichy qui le tient comme "le continuateur d'une politique de front populaire dans le département".

  A la libération, le 23 août 1944, le Général de Gaulle en route pour Paris s’arrête à la préfecture où il reçoit les autorités locales.

                                                                          

Après la guerre, le 11 juillet 1948, de nombreuses personnalités dont les ministres Jules Moch et Georges Bidault, sont réunies à la préfecture pour célébrer l’inauguration de l’hommage gravé dans la pierre à l’extrémité de la préfecture, place du Général de Gaulle, témoignage de la reconnaissance de la nation envers Jean Moulin.

  En 1954, sera inauguré le monument du glaive brisé, financé par un appel à souscription, sur l’emplacement du mémorial Jean Moulin.

  Une fois la paix installée durablement, la société française connaît un essor économique sans précédent. Il s’accompagne d’un important développement des services administratifs. A Chartres, les locaux vétustes de l’hôtel des Ligneris ne suffisent bientôt plus à accueillir l’ensemble des services préfectoraux. Dans les années 1970, leur desserrement est devenu une nécessité.

  Le projet de la nouvelle préfecture qui prend corps à cette époque, se déroulera en 3 phases distincts :
- la réalisation du nouvel immeuble de la préfecture et du parking souterrain place de la république, sur un terrain acheté à la ville de Chartres. Le personnel a emménagé dans les nouveaux locaux au mois de mai 1979 ;
- l'hôtel du département dont les travaux se sont achevés fin 1982 ;
- la rénovation de l'hôtel des Ligneris également achevée à la même période.